Il est heureux que notre corps, charnel, animal et bien posé sur terre, nous permette de jouir de la vie malgré les mille questions que cet état précaire devrait nous poser.
Une certaine nonchalance éloigne l’idée de la mort, même si cette désinvolture qui nous permet de vivre agréablement n’est pas sans conséquence sur l’état du monde.
L’empressement canin à adorer son maitre même s’il le maltraite, m’interroge sur mon propre libre arbitre et mes désirs de liberté. En tant qu’artiste, je sais combien il est difficile de faire quelque chose de cette largesse qui nous est offerte. Il peut être bien plus confortable d’avoir un cadre imposé, des horaires, des tâches à effectuer. J’ai quand même usé de la liberté de jouer avec la rythmique des laisses pour développer cette réflexion sur la relativité du désir de liberté !
Il me semble que la soif intarissable de richesse, de relations, d’ambitions, pourrait être satisfaite d’un simple geste d’amitié. Certains jours, j’entreprends de me peindre des amis.
Souvent, je travaille à tâtons, jʼattends une rencontre. Je me donne du mal sur un morceau sans savoir où je vais. Cet état de recherche, lʼinquiétude de perdre mon travail, la difficulté de réunir des éléments disparates me procurent une tension, une jubilation qui est lʼémotion même que je cherche à partager.